« Tu vois, Mélia, c’est obligatoire de dire bonjour. »
J’ai beau pratiquer l’éducation non violente uniquement par intermittence (en gros, les lendemains des nuits qui chantent), j’ai beau être la première à faire de travers avec mes propres enfants, chaque mercredi matin, j’ai la gorge qui se serre de voir le banc de l’exil occupé par l’un des minuscules camarades de classe de Poite n°2.
Ce matin, c’était donc Mélia l’occupante du piquet du bonjour. Mélia qui comble de l’humiliation, a dû subir la comparaison avec une Poite n°2 brillament coachée juste avant par mes soins.
Depuis que les Poites ont fait leur rentrée, j’ai lu attentivement chacun de vos retours et je me suis interrogée sur tous. Les premiers jours, la tentation de remettre les deux Poites dans une seule et même classe a été forte.
Jusqu’à ce que je comprenne qu’il n’était pas tant question de séparation problématique que d’incompatibilité d’humeur entre Poite n°2 et sa maîtresse.
Qui pourrait blâmer cette enfant d’un bon sens évident ?
La vérité, c’est que j’ai bien peu d’éléments tangibles pour condamner l’enseignante de Poite n°2. Mis à part mon instinct, celui dont Poite n°2 semble avoir hérité aussi et le fameux piquet du bonjour, qui bien qu’extrêmement maladroit et anti-pédagogique à mon sens, ne relève ni de la maltraitance ni de l’inspection académique.
Restent ces crises qui emplissent ma maison au-delà du raisonnable alors qu’elles l’avaient déserté depuis bien longtemps.
Mais même si les terribles tempêtes Poitesques me touchent, je reste consciente qu’il faut mâtiner les réactions de ma puînée de ce talent qu’elle a pour déceler les failles maternelles. Evidemment elle a senti que l’école et cette plongée dans ce qui me semble n’être qu’une jungle de décibels et de contrariétés me touche. Evidemment, elle a reniflé qu’il y avait là matière à faire tourner mère en bourrique. Comme elle avait senti auparavant que me priver de sommeil ou alors uniquement par plages de 2h45 pouvait me mener à bout.
Enfant tempêtant, enfant intelligent.
J’en veux pour preuve l’humeur joyeuse dans laquelle je récupère Poite n°2 à midi moins le quart, après une matinée d’école en tête à tête avec l’affreuse. La preuve pour moi qu’il n’y a pas de réel traumatisme mais plutôt une fine connaissance des limites maternelles.
Alors je crois que non, je ne réunirais pas nos deux Poites dans une seule et même classe. Je n’en ai pas eu la réclamation par la principale intéressée depuis la deuxième semaine d’école. Et surtout, Poite n°1, de son côté, ne me l’a jamais demandé.
Parce qu’il est là, le revers de la situation. Alors que Poite n°2 s’enlise dans son mécontentement, Poite n°1 elle, la soit-disant fragile, la soit-disant dépendante, éclôt chaque jour un peu plus.
Et je n’ai aucune envie de l’enfermer à nouveau dans cette loyauté obligée qu’elle développe envers sa soeur en sa présence. J’ai trop de plaisir à la voir évoluer ainsi loin de son petit dictateur, au moins quelques heures dans la journée. Dictateur qui, ne nous leurrons pas, peine aussi de cette absence d’ascendant sur quelqu’un (et je crois que Poite n°2 a bien pigé que sa maîtresse n’incarnerait jamais une possible remplaçante au poste de larbin en chef).
Je reste attentive, je réajuste le tir de mes réactions, j’observe et j’analyse. Après tout, nous sommes encore en période d’essai.
Mais chaque jour, je pense à tous les petits enfants piquets.
J’ai le coeur serré pour Poite n°2 à chacun de tes tweets et de tes billets depuis la rentrée. Mais je me suis aussi souvent demandé comment allait Poite n°1. D’après tes écrits, elle semble
vouloir toujours contenter son monde, et placer l’amour de sa soeur au dessus de tout … alors ce soir, je suis aussi contente de savoir qu’elle va bien. Plein de courage pour toi, je suis comme
toi le changement me fait peur mais ma fille me pousse. Et encore merci pour toutes ses réflexions que tu partages avec nous, c’est toujours super riche !
T’as de la chance d’avoir ta fille qui te pousse, les miennes se révèlent assez fidèles à leur mère là-dessus !!
J’attendais ton billet de ce soir avec une certaine impatience car celui d’hier m’avait un peu serré le cœur. Il y a chez toi une clairvoyance concernant tes enfants que j’aimerais beaucoup avoir
pour les miens !
J’espère que Poite 2 va s’apaiser (et un petit peu « renoncer » mais pas trop quand même) mais surtout je suis très heureuse pour Poite 1 qui semble s’épanouir de son côté, et qui justifie à elle
toute seule le bien-fondé de votre décision.
Y’a un peu de mieux, mais elle retente sa chance à chaque occasion !!
Et toi, tu as essayé de ne pas dire bonjour à la maîtresse, juste pour voir ?
L’est fada cette maîtresse, s’il y a bien des trucs qu’on ne peut pas obliger à dire c’est « bonjour » « merci » et « pardon », on peut juste expliquer gentiment combien ça fait plaisir de les entendre
ces petits mots là.
Elle a déjà fait une réflexion au Homard pour 2 minutes de retard, je n’ose imaginer la sanction pour absence de bonjour 🙂 !!
Bon alors l’enfant du piquet je trouve ça juste abherrant!
Mais je poste juste ce com rapport au reste de l’analyse de la situation et sincèrement je trouve que tu es une fabuleuse maman. Tu arrives à prendre de la distance sur tout ça, à prendre en compte
les besoins des boîtes et à bien discerner les limites de chacune. Bref, en te lisant je me disais « elle a compris tout ce qui se joue avec cette rentrée! « . Ça n’enlève pas la difficulté de ce
passage mais en analysant de la sorte je pense que tu tiens le bon bout 😉 Bon courage!
Bises aux poites
Après, tu sais, peut-être que je ne vois que ce que je veux bien voir… Mais bon, c’est l’avenir et leur éventuelle psychothérapie qui nous le dira 🙂
Poites et pas boîtes! Saleté de smartphone 😉
Mais aussi quelle idée de ne pas avoir ce mot sur ton correcteur 🙂
Punaise, qu’est ce que j’aimerais savoir analyser ma fille aussi bien que tu le fais… ! je suis dubitative sur la méthode piquet de la maîtresse, comme beaucoup d’enfants, la mienne a ses jours
où tu ne lui décrochera pas un bonjour non plus. Et du coup, comment ça se passe pour ta poite n° 1 ?
Oui, je te rassure, y’a de quoi être dubitative 🙂
enfants en petite section stigmatisés parce qu’ils sont de mauvais poil ou timides… J’aimerais pas être sa fille à celle là !
Et pourtant, elle en a parlé, elle en a une 🙂
C’est quoi cette réflexion « c’est obligatoire de dire bonjour » ?? Moi perso tu me dis qu’un truc est obligatoire sans m’expliquer bin tu peux toujours courir pour que je le fasse.
Y a tellement de façons d’expliquer aux enfants…
Oui, tellement d’autres façons que celle-là, on est d’accord ! 🙂
Courage à Poite 2, la cruelle maitresse et la tempétueuse petite fille vont devoir se jauger et s’apprivoiser… et bravo à Poite 1 pour sa belle éclosion… Ici, nous avons une maitresse toute
chamallow et pourtant ma fille pleure tous les matins et pique des crises tous les soirs aussi ! Je crois aussi que c’est plus à sa mère qu’à l’école que ces élans d’humeur sont destinés. On va
tenter de désamorcer tout ça.
Voilà, au final et quoiqu’on fasse, c’est toujours nous, nous et encore nous !! 🙂
Et oui, notre apprentissage du métier de Maman (dont le job description serait à revoir et à actualiser en permanence … mais attends un peu … je me rends compte qu’à la signature du contrat, on
a juste inscrit le job tittle, mais que le job description a été zappé …) est aussi compliqué que la tâche ardue pour nos enfants de grandir et s’adapter!
Quoi qu’il en soit tu l’accomplis avec brio, tu souffres toi aussi, mais tu t’adaptes! Et c’est là une des forces essentielles dans nos vies.
Plein d’encouragements à Poites n°2 … & 1 dans leurs apprentissages … et encore plus à la Maman!
Merci merci, je sens qu’il y a déjà du mieux en quelques jours…. 🙂
… D’énormes bizouxxx et des tonnes de câlins aux « Enfants du Piquet » … je penserai à eux tous les matins désormais
Les pauvres, ils me fendent le coeur aussi, ce sont des bébés !!
Ici, en petite section, maîtresse super cool et petite fille acceptant en principe plutôt bien le changement et la séparation et pourtant ça a été chaud au moins jusqu’à la Toussaint, voire un peu
plus. C’est quand même un énorme ajustement, même pour des enfants qui connaissent la collectivité. Poite 2 vaincra, je crois en elle !
La mise au coin est vraiment raide, et surtout me paraît inadaptée pour des enfants de 3 ans qui doivent se familiariser et aimer l’école qu’ils découvrent. Dans un autre genre, la maîtresse de ma
nièce donnait des « mauvais points » aux enfants qui ne disaient pas bonjour.
Cela étant, je dois être une tortionnaire en puissance mais pour moi « bonjour » « merci » « au revoir » ne sont pas optionnels ou « selon l’humeur », même à 3 ans, et depuis le 1e jour de PS, on a comme
rituel incontournable de dire bonjour ensemble à la maîtresse (je sors pas le martinet les jours où elle traîne des pieds, c’est juré).
Bien sûr, c’est primordial ces petits mots de politesse mais y’a façon et façon de les obtenir 🙂
Mais qui est donc cette horrible maîtresse pour agir ainsi ?
Que je trouve cela dur, ça m’aurait brisé le coeur…
Comment après cela donner envie aux tout petits de quitter maman et venir à l’école en chantant ! Pas étonnant que ta Poite soit perturbée…Je pense qu’on doit pouvoir faire mieux en pédagogie et
psychologie infantile !
Joker ! et bon courage à toi et ta Poite
Oui, effectivement, c’est rude, mais bon, ce qui ne tue pas… voilà voilà !!
Mon point de vue est que le temps de se faire à son nouveau statut d’écolière et devoir « obéir » et se référer à des adultes inconnus, c’est beaucoup de choses pour un si petit être.
On les voit tous plus ou moins à l’aise. Généralement, ceux qui se sont le plus opposés à moi sont ceux qui ne me quittent plus ensuite, et on s’attache particulièrement à ces petits enfants qui
d’un coup comprennent le sens de leur venue, prennent plaisir à grandir, à partager.
Détachement plus ou moins bien vécu du côté des mamans qui, comme tu le dis entre les lignes, ne comprennent pas ce qui, finalement, rend si heureux leurs bambins quelques heures après un terrible
chagrin.
J’aime à lire que ta petite « soumise » s’épanouit. Chacune trouvera sa place désormais c’est super.
Oui, je l’espère sincèrement, elles le méritent toutes les deux 🙂
Bonjour
Je continue a te donner mon vecu sur le sujet 😉 Ce que tu racontes est tout a fait ce qui s’etait passe pour mon ‘Poiton’ (?;-)) et ma Poite. Celui pour qui cela a ete le plus difficile c’est le
Poiton …. La Poite elle qui dans notre quotidien jouait tellement souvent l’arrondisseuse d’angles a pris plaisir a cette legerete d’etre seule. Et le Poiton s’y est fait 😉
Bon courage !
J’aime beaucoup le Poiton 🙂
Et merci pour ce témoignage très encourageant pour moi !! J’ai envie d’y croire aussi pour elles !
Tu fais une analyse très fine de la situation… et cette intelligente et tempêtueuse Poite n°2 me fait tellement penser à Potam…
Je suis heureuse pour Poite n°1, tu as raison pour elle il faut continuer la séparation de classe, et Poite n°2 s’y fera. Elle manifeste son mécontentement (envers sa maîtresse, ou envers toi, ou
envers la séparation poitesque) mais c’est sain, elle s’exprime, et bientôt elle pliera. Comme pour le coucher, je crois que ton parallèle est très bon, elle sent tes failles comme Potam sent les
miennes, ces enfants sont épuisants mais il faut qu’ils sentent qu’on est plus têtues qu’eux 😉
Comme tu le dis, pas de traumatisme, juste un mécontentement, c’est compréhensible !
Quand Potam est comme ça (les crises, les tempêtes), maintenant j’essaie de ne plus m’apitoyer et de lui dire seulement « je comprends que tu ne sois pas content. Mais c’est comme ça ». Je ne sais
pas si ça sert à quelque chose, mais ça me soulage, moi, de me dire qu’il n’y a rien de grave, seulement qu’il n’est pas d’accord et qu’il le dit haut et fort !!!
Bisous
Oui, ils se ressemblent tellement ces deux-là depuis le début… Je l’ai déjà dit mais… marions-les 🙂 !!