« Je suis jalouse parce que toute la semaine prochaine, tu vas être différent de celui que je connais. » Adelles, 12 août 2017, s’adressant à un crustacé.
Deux fois par an, c’est la même chose, sitôt passé le panneau d’entrée du village qui l’a vu grandir, le Homard affiche son sourire n°104. L’option ultra brite en moins. Celui du gars toujours de bonne humeur. Drôle, sociable, intelligent, affable. Parfait. Conforme à ce qu’on attend qu’il soit ici, comme un peu tronqué de sa vraie vie.
Pas qu’il soit triste, bête et méchant, le reste du temps. Non, plutôt qu’il a une vie dans la norme, avec ce que ça comporte d’émotions à gérer, de fatigue à éprouver, de colères à supporter et de prêts à négocier.
A côté de lui durant ces jours d’été, je le regarde évoluer. S’adaptant aux mœurs locales, même si elles ne sont plus les siennes depuis longtemps, renouant avec le rythme d’ici, se coulant dans les rites, surfant sur les habitudes. C’est facile n’est-ce pas de paraître parfait, 14 jours par an ? L’imperfection, elle, est à moi les 351 jours restants.
Et pourtant, je ne dis rien. Je me conforme moi aussi. Après tout, je le sais bien, qu’il soit un garçon imparfait 351 jours par an ne regarde que nous. Comme ma propre imperfection dont lui ne pense même pas à faire la comptabilité.
Et les autres qui l’attendent ici, d’été en été, et qui l’espèrent légèrement, très légèrement différent de ce qu’il est réellement ne sauront jamais que le Homard qu’il leur sert n’est en fait ici qu’en version édulcorée.
Bah moi je suis jalouse parce que vous avez apparemment 4 semaines de congés à 4! 🙂
Il paraît que j’ai une voix différente quand je m’adresse à d’autres parties de ma vie (celles que je ne croise pas devant les chiottes à 650km de chez nous), mais je doute que ça me rende parfaite aux yeux de quiconque. 14 jours de perfection concubine, même pour de « mauvaises » raisons, je prendrais volontiers!
J’ai pas fait le calcul, mais si c’est le cas je suis jalouse aussi!!!!
Moi je ne sais pas comment il fait, je n’arrives pas à m’édulcorer, peut être parce que je pars de trop loin dans mon imperfection. Et que de toute façon chez moi j’ai une toute autre étiquette et ce n’est pas celle-là. Et les poites elles la remarquent cette différence?
Virginie
Non, on a que 3 semaines à 4. Cette semaine, je suis seuuuuuuule avec les Poites à Paris (ou presque) !
Bonjour,
Au fond, 14 jours, n’est-ce pas la juste dose pour la perfection ? Imagine l’inverse. Je crois que vivre avec la perfection 351 jours par an serait absolument insupportable. Ça ta renverrait en miroir ta propre imperfection, continuellement. Et tu en serais rendue à attendre les 14 jours d’imperfection de ton homard comme une bouffée d’oxygène. Non, vraiment, c’est infiniment mieux dans ce sens là. Agaçant, certes, mais préférable.
Bon week-end !
Quelle sagesse !
Mouais… suis pas certaine d’être très convaincue par ta théorie (mais je promets d’y réfléchir :)) !